
PS : Cet article risque d’être un peu long… Attachez vos ceintures, prenez quelque chose à grignoter et c’est parti !
Dans mon billet précédent j’avais abordé la thématique de la sexualité, relations et parents africains. Je me suis focalisée sur ma sexualité pendant l’enfance et l’adolescence. Le sujet étant vaste, cette fois-ci il est temps qu’on en parle du point de vue de l’adulte que je suis. Mon père me disait qu’il était appelé à la barre dans mon précédent article. J’ai omis de lui dire qu’il y aurait une seconde partie du procès. Il a plus de chance cette fois de s’en sortir, parce que j’ai encore 22 ans et la phase adulte ne fait que commencer.
Malheureusement je n’ai pas eu la chance d’avoir ma mère durant cette phase, mais j’ai eu des tantes merveilleuses et ma grand-mère qui ont su tant bien que mal prendre le relais. Le décès de ma mère n’a pas facilité cette étape de ma vie. Pourquoi ? Parce que j’ai développé des blessures de cette absence dont je me suis rendue compte bien plus tard dans mes relations. Personne ne m’a expliqué que la perte d’un être pouvait avoir un impact aussi conséquent sur moi et sur les relations que j’entretiendrais. Mais bon, ce n’est pas le sujet !
Aujourd’hui plus qu’avant j’imagine la difficulté pour mon père de se retrouver avec une jeune fille à éduquer sur tous les plans, encore plus sur le plan de la sexualité. Je pense que sa stratégie (je crois qu’il n’avait pas de stratégie… On ne se prépare pas à perdre son épouse si jeune) c’était de me faire confiance. J’appellerai sa technique l’auto éducation, parce que j’avais peu de restrictions, j’avais le droit de faire mes erreurs, de les assumer, de me relever un peu toute seule dans un cadre bien défini. Suite au décès de ma mère, j’ai trop tôt joué le rôle d’adulte pour moi même. Mon père même s’il ne l’avoue pas est un introverti, mon frère n’en est pas moins un. Comment échanger de sujets si importants pour moi avec deux êtres qui sont très tournés vers leur monde intérieur ?
Contrairement aux filles de mon âge, de l’adolescence à l’âge adulte j’avais l’autorisation de sortir à ma guise à condition de revenir avant 18h à la maison et je pouvais me rendre à des fêtes. Mon père m’y accompagnait puis revenait me chercher à 23h ou minuit quand la fête venait de commencer😒 (Oui Oui l’heure béninoise). J’ai été surprise d’avoir cette liberté et ça m’a rapidement fait prendre conscience que je devais être responsable. Rapidement c’est relatif. Mais après quelques petits déboires et un grand frère qui menaçait de me dénoncer je reprenais assez vite le bon chemin.
Mon père est assez particulier ; il ne m’a jamais posé de questions sur moi, mes copains, ma sexualité. Je ne sais pas si c’est de la gêne, de la timidité ou la volonté de protéger son coeur contre toutes les bêtises que j’aurais pu faire et il a raison🙈🙊 .
Mais revenons-en au sujet, si vous êtes une jeune femme africaine il y a de forte chance qu’on t’apprenne rapidement que trouver un mari c’est essentiel à partir d’un certain âge, que ça fait partie intégrante du bonheur et sans quoi tu pourrais être catégoriser dans la société comme libertine, problématique ou que sais-je encore.
Ma grand-mère très pieuse priait pour mes études et ma réussite, puis un jour on est passé à réussite, argent et mari. Après m’avoir longtemps dit que les études étaient la priorité (tantes et famille), qui est le copain est devenu le nouveau crédo ? Ne suis-je pas censée ne même pas savoir comment on en trouve un ?🤷🏾♀️
En tant qu’autodidacte et fleur bleue, je rêvais du prince charmant. Une sorte de cendrillon africaine qui cherche chaussure à son pied (je veux réécrire l’histoire) ou du moins celle qui cherche le prince qui cherchera la chaussure avec elle. Bon vous avez compris je crois.
Mais à un moment la vraie question s’est posée : comment cherche-t-on un mari ?
Je ne savais même pas par où commencer.
Au début je regardais les plus beaux qui s’intéressaient à moi, plus tard les plus beaux doublés d’intelligence, ensuite ceux qui intéressent tout le monde pour me prouver à moi même que j’avais de la valeur ou même ceux-là pour qui j’étais une “priorité”. Vous imaginez bien l’instabilité qui a pu en ressortir. En soi ce n’est pas une mauvaise chose, j’ai beaucoup appris. Je pense que mes parents auraient pu me faire gagner un temps précieux avec de précieux conseils et des compliments. En effet ils n’étaient pas des férus de compliments. Ni de je t’aime. Les premiers compliments et Je t’aime que j’ai reçus venaient des garcons qui voulaient « zouker » dans ma tête à cette période là. J’ai commencé à déterminer ma valeur en fonction de comment les autres me voyaient. Je cherchais constamment la validation et ce pendant bien trop longtemps.
Mentalement, moralement, comportementalement, je ne savais pas non plus quelles étaient mes attentes. Ce dont j’étais certaine c’était que je ne voulais pas d’un homme violent ni colérique. Et ça c’est parce qu’une amie me rapportait comment sa mère se faisait maltraitrer. Cela m’a beaucoup marqué.
Puis après en sortant avec une personne paresseuse, je me suis rendue compte que je n’en voulais pas non plus, puis une personne avare. Eh Benh ! j’en voulais pas non plus. D’ailleurs en parlant de l’avarice, j’ai une petite anecdote qui m’a marqué, fait rire et à la fois énormément déplu. Laissez moi vous la raconter.
J’étais intéressée par un garçon, et j’avais hâte de passer du temps avec lui. Dans la période, je n’avais plus de chauffeur et j’étais à Cotonou. Mes parents détestent que je prenne « Zem ». Le transport en commun le plus utilisé au Bénin. Mon seul moyen de déplacement se trouvait donc être un taxi mais cela revenait néanmoins plus cher. Je suis donc allée voir ce garçon quelques fois , mais je me suis rapidement rendue compte que faire des allers-retours me coûteraient plus cher que ce que j’avais prévu dépenser pendant mon séjour, d’autant plus que ce n’était pas prévu. Il m’a proposé d’aller manger quelque part dans la foulée. Je lui ai expliqué que je ne pouvais pas m’y rendre parce que mes parents étaient farouchement contre les Zem et que les transports m’avait saigné à blanc . Il a alors proposé de venir me chercher à condition que « Je mette de l’essence dans sa voiture ». Dans ma tête je me disais est-ce une blague ? Il est néanmoins venu me chercher ce jour-là et je lui ai proposé de payer l’addition du restaurant où on a été. Il n’a quand même pas hésité à me dire « Ce n’est pas parce que tu payes l’addition que tu ne vas pas payer l’essence »🙄. La plus grosse gêne de ma vie. Je vous passe les détails. Mais je n’ai plus jamais eu envie de le revoir.

Mes parents connaissent mon caractère bien trempé. Je suis très respectueuse, mais aussi très franche. Je n’ai pas besoin de boire de l’alcool pour dire le fond de ma pensée. Et dans la mentalité africaine, avoir ce genre de tempérament étant une femme empêche d’être avec les neufs mois de quelqu’un ou le prématuré pour ne pas faire de discrimination. De ce fait à chaque fois que j’étais dans une relation où il y avait un problème ou que je me plaignais auprès de mes tantes; on me rappelait souvent que c’était “mon caractère et moi” les problèmes. Cette phrase s’est imprégnée dans ma tête au point de vouloir rester à des endroits qui ne me convenaient pas par peur de ne jamais trouver chaussure à mes pieds.
Dans notre éducation on discute très peu de l’amour, de comment aimer. Même si cela pourrait sembler facile c’est bien plus difficile qu’il n’y parait. Tu apprends à être une femme idéale pour un homme, comment l’entretenir, comment t’entretenir pour le garder, comment garder un futur foyer. Tu déduis que aimer, c’est se soumettre, c’est faire en sorte de satisfaire un indivu pour qu’il retrouve en toi les traits de sa mère et en bonus il a droit de nouveau à l’allaitement je dis ça je dis rien🤐.
Les parents africains, quand ils n’ont pas été premier tout leur cursus, c’est qu’ils ont été sages, qu’ils se sont mariés et ont fait les choses dans les règles de l’art. Rarement tu entendras parler de fautes, de chutes, d’échecs, de tentation, de mauvais choix, de goumin, les difficultés d’aimer et d’être aimé. Pourtant on apprendrait tellement à les écouter parler de leur vraie vie et non de la vie qu’ils pensent avoir eu.
Quand je discute avec mes amis(es) de leur sexualité, d’aucuns ont appris avec des harlequins (pour les filles), et d’autres avec la pornographie (pour les garçons) qu’ils cachaient religieusement dans des dossiers appelés « Louanges chrétiennes » 😝. D’ailleurs si vous passez par là vous vous reconnaitrez.
J’ai été éberluée par le nombre de personnes qui aurait voulu discuter du sujet avec leur parent. Ne serait-ce que de déceptions amoureuses, de dépendances affectives, des règles d’hygiène. D’ailleurs à ce propos j’ai eu des retours d’expériences et parmi les plus insolites sur le sujet, un me racontait comment il a connu une fille qui faisait des mycoses à répétition parce qu’elle utilisait des produits de toilettes inadaptés, puis se badigeonnait de victago (crème mentolé qu’on retrouve en Afrique, encore appelé mentol ou Zoro) pour soigner ses mycoses. Et puis c’est sans compter sur ceux qui réutilisent le preservatif plusieurs fois pour faire des économies 🤯.
Pour ma part, j’ai décidé de battre les cartes du jeu autrement. Je me suis assise toute seule comme une grande à faire un peu ce bilan de quel a été mon parcours, mes forces, mes faiblesses, mon rapport à moi même et la direction que j’aimerais donner par la suite à mes relations. Déjà j’ai décidé de me cultiver sur le sujet de la sexualité, d’apprendre à me connaître (mes valeurs et mon corps) et à m’aimer, puis apprendre à aimer les autres de façon saine et traiter les blessures qui pourraient être un frein à tout épanouissement. J’ai finalement impliqué mon père et mon frère dans cet engrenage. Parce que j’ai besoin de parler et d’exprimer mes craintes, poser mes questions. C’est ma méthode.
Être en couple c’est une bonne chose, avoir un partenaire de vie c’est une grâce. Mais l’amour de soi, la connaissance de soi, l’acceptation de soi, le soi tout simplement passe avant tout. Comme on a l’habitude de le dire « la charité bien ordonnée commence par soi même ». Je n’avais jamais fait cette démarche vis à vis de moi même. Je ne m’aimais même pas assez et je voulais que les autres m’aiment. Je donnais plus pour qu’on m’aime que je ne me donnais à moi même pour m’aimer. Et puis entre l’éducation, les réseaux sociaux et les éternels #couplegoal je me suis retrouvée à me mettre la pression de trouver quelqu’un et à me demander pourquoi je ne l’avais pas encore trouvé.
Pour revenir à ce que j’aurais voulu que mes parents, mes tantes ou tout autre éducateur m’apprennent; auraient été de me montrer comment m’aimer et développer ma confiance en moi. Qu’ils me rappellent qu’on est tous différent et que je n’étais pas un problème. D’ailleurs j’ai une tante qui m’a dit avec du recul bien plus tard. «Tu as raison de ne pas te laisser faire, une femme ne devrait pas se taire comme je te l’ai toujours dit ». Et je sais à quel point elle a subi des violences physiques et psychologiques dans son mariage. Etre respectueuse c’est une chose, se taire en est une autre. Faudrait souvent le rappeler à nos parents, qui attendent autant de docilité de la part de la femme.
Merci pour la force que vous m’avez donné dans le précedent article. En attendant continuez à me laisser des commentaires ici, par mail ou sur mes réseaux sociaux, partagez si le coeur vous en dit. Prenez soin de vous ! Xoxo😘
Encore un article intéressant qui nous ouvre la porte sur tes expériences…
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Merci beaucoup Cadet pour ton soutien. ❤️
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J’ai trouvé ton article très intéressant et super bien écrit ! Force à toi ma Célia😘
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Merci beaucoup Ornella 🥺❤️ Ca fait plaisir
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J’ai trouvé ton article très intéressant et super bien écrit ! Force à toi ma Célia😘
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J’ai aimé votre article Ifelaye. D’ailleurs c’est la première de vous, que je lis et j’ai beaucoup trop accrochée. Bien écrit et précis. Je me suis retrouvée dans certaines lignes également. Beaucoup de forces et courage.
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Merci beaucoup Carelle d’avoir pris de votre temps pour me laisser ce commentaire qui me va droit au cœur. Je suis heureux que vous ayez apprécié le sujet. Merci beaucoup
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Quite interesting and funny at times. Keep it up!
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Glad you take times to read me 🙏🏾
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merci 😊
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J’ai aimé ce billet, je m’y retrouve sur plusieurs pan. Le manque de confiance que j’avais en moi, les expériences amoureuses, le mutisme des parents et j’en passe. Après je sais combien c’est difficile en tant qu’adulte d’aborder ses sujets. J’ai mon petit frère en pleine adolescence et bien que je veux qu’il vive les choses autrement que moi ou mieux je ne sais comment aborder le sujet. Le silence est une fuite en avant qui comble l’incapacité à s’exprimer. J’espère y arriver et se sera un bon apprentissage pour le moment où j’aurais mes enfants par la grâce de Dieu .
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Merci beaucoup Ilona pour ton commentaire. Je me sens moins seule du coup haha. Oui c’est un sujet qu’on ne sait pas toujours comment aborder. Mais je pense qu’il faut les mettre dans confiance. Et ne pas venir donner des ordres mais juste écouter. J’espère qu’on saura faire mieux à notre tour.
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Superbe article. Belle plume ! Ca se voit que tu l’as écrit avec ton coeur… j’ai aimé l’humour 🙃
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Merci beaucoup à toi d’avoir pris le temps de me laisser un commentaire.
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Belle plume. Bon courage 💪🏾
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J’aime ton courage et ta franchise. Continue à faire ce qui te plaît et n’oublie pas que chaque chose en son temps. Je t’envoie beaucoup d’amour ❤️
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Ton message me fait énormément plaisir Auguste. Je t’envoie autant d’amour. Merci pour la force ❤️
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La partie »puis un jour on est passé à réussite, argent et mari » on dirait moi après ma soutenance 😭😭😂😂. Dans ma tête c’était »calmez vous wesh je n’ai que 19 ans ». Jolie plume, j’ai beaucoup aimé te lire.
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J’adore.
Beaucoup de courage à toi.
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Ton article il est juste authentique 😍j’adore ❣️
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J’ai lu ce billet ainsi que les précédents avec beaucoup d’enthousiasme. La franchise qui s’en dégage ainsi que la façon dont CE SUJET y est présenté le font lire avec plaisir.Franchement chapeau et j’ai hâte de te lire à nouveau. Bonne continuation de cette vie d’adulte qui, comme tu l’as dit ne fait que commencer et pour laquelle tu t’es armée avec le poids de tes expériences passées.
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Yesss, c’est beau.
J’aimerais quand même les détails de comment tu as trouvé le gars. Un peu plus de détails si tu as le temps stp.
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Encore merci pour cet article, je suis totalement d’accord avec toi s’aimer soi-même avant de vouloir aimer quelqu’un d’autre afin de trouver pas sa moitié mais une plénitude qui s’associera à notre plénitude .Personne n’est parfait donc ne soyons pas trop dur avec nous même .
hâte de te lire .
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J’ai bien apprécié cet article 😊. Je m’y retrouve un peu
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