Sexualité, Relation et Parents Africains !

Quand tu rajoutes sexualité et parents africains dans la même phrase, c’est que tu as cherché les problèmes 😱. « Djaa » comme disent les ivoiriens, ils n’ont pas d’enfants, pourtant vous voici et me voilà.

Dans ce billet, je veux parler de ce que j’aurais aimé que mes parents me disent sur la sexualité. Le sujet sera développé de façon non exhaustive car je compte présenter d’autres aspects dans d’autres billets. J’aborderai le sujet au travers de trois phases par lesquelles tout être humain peut passer : l’enfance, l’adolescence et l’âge adulte.

1- Parlons de l’enfance et de ce qui m’a marqué

Aussi loin que je me rappelle, mes parents n’étaient pas les plus durs du monde, mais pas les plus doux non plus. Des réprimandes, quelques fessées, petites tapes de chaussures, « parmattoire »: je n’ai échappé à rien 😭. J’étais pas facile à vivre et je pense que si j’avais des connaissances en statistiques en ce moment, je me serais rendue compte des deux raisons principales pour lesquelles je me faisais gronder. D’une part c’était le fait de ne pas m’être lavée (je plaide coupable) et d’autre part une proximité quelconque avec les hommes, surtout les hommes d’un certain âge 👴🏿. Je vais bien évidemment m’attarder sur ce deuxième point. Vous vous demandez certainement ce que j’entends par proximité ?  Elle se déclinait en de petites actions. Par exemple quand je m’asseyais sur les jambes d’un adulte, quand je courais ouvrir à un jardinier, au chauffeur, au cuisinier ou tout autre homme adulte, mon père ne semblait pas rassuré. Il lui arrivait même de me sermonner sans  jamais m’expliquer pourquoi. Ma mère rejoignait et partageait les mêmes craintes que mon père. Seules mes expériences et ma prise de maturité m’ont fait comprendre qu’ils me protégeaient de tout type de prédateurs sexuels. Jusqu’a ce jour je me questionne sur leurs expériences à eux.  Qu’ont-ils vécu pour être aussi craintifs ? Qu’ont-ils vu ?

Pour ne rien arranger, j’ai été très précoce. Dès l’âge de neuf ans mes seins et mes petits poils pointaient déjà le bout de leur nez (mes seins qui ont un nez, chelou quand même 🤪). Ma mère était dans tous ses états. Certaines personnes lui proposaient de ralentir la poussée de mes seins en utilisant la technique ancestrale qui consistait à tapoter mes seins avec une spatule de cuisine !!! Encore heureuse qu’elle ne l’est pas fait. Comme par un tour de magie, elle m’avait très rapidement remis des soutiens-gorge. Ceux qui me connaissent savent à quel point j’ai une aversion pour ce bout de tissu sensé maintenir les seins hauts et fermes 😫. Quand je ne les mettais pas, c’était la troisième guerre mondiale à la maison. Ma mère était littéralement en panique. Je ne comprenais pas comment mes petits bouts de citron pouvaient créer autant de tapage. Elle répétait souvent : « Ils croiront que tu es une adulte. Ils te feront du mal quand ils verront tes seins bouger ça et là ». Dans ma tête de gamine je me demandais : « Ils là même c’est qui 🤷🏽‍♀️?». Il m’en a fallu de peu pour découvrir qui étaient ces « ils » après avoir rencontré des pédophiles et subi des attouchements de tout genre (J’en parlerai sans doute une prochaine fois).

l’arme ultime dont je vous parlais A.K.A la spatule

Par ailleurs pour étayer mes propos sur les craintes permanentes de mes parents, je vais vous raconter une anecdote. J’étais encore au primaire. Plus précisément au CE2 et je devais avoir sept ans. A cette période là, mon école était à 15-20 min de la maison donc je marchais pour aller à l’école et pour revenir quand le chauffeur ne venait pas me chercher. Un jour notre maître d’école étant tombé gravement malade, nous n’avions pas cours l’après-midi. J’avais un ami à moi qui habitait juste à côté de l’école dont la mère avait un atelier de couture et vendait en parallèle du bissap (Foléré, jus d’hibiscus). Il voulait m’offrir du bissap gratuitement, on s’est alors rué chez lui avant que je ne prenne le chemin de la maison. J’avais prévenu mon grand frère et parce qu’on s’était disputé  il a couru dire aux parents que l’après-midi j’avais pas cours et que j’étais chez un ami (d’ailleurs si tu passes par là cher grand frère j’espère que tu as honte 🙄). À ma grande surprise, les premières interrogations de mes parents furent : « Qu’est-ce que vous avez fait ? T’a-t’il touché ? Êtes-vous allés dans sa chambre ? ». Ma mère était angoissée et moi j’étais toute hébétée qu’on me pose ce genre de questions avec des allusions auxquelles je n’ai jamais pensé. Je vous passe les détails. Mais je m’en suis prise plein la gueule. Je me demande s’ils s’en souviennent.

Pour ma part, il aurait été convenable que mes parents me parlent de la pédophilie, de pourquoi ils étaient aussi à cran, de leur crainte et des dangers auxquels je m’exposais. Qu’ils me disent que mon corps seraient l’objet de pleins de convoitises malsaines et que je devais les tenir au courant de toutes actions déplacées à mon égard. M’expliquer qu’aucun homme et même femme ne devait toucher mon « titi » (comme ils appelaient affectueusement la partie génitale de la femme) ou même mon corps de façon inappropriée. Et surtout mettre l’accent sur le fait que je devais tout leur raconter pour qu’ils me protègent. La preuve, j’ai été victime d’attouchements sexuels sur mineur par la suite, sans jamais avoir eu l’audace de leur en parler durant des années, parce qu’ils n’avaient jamais installé ce climat de confiance autour du sujet. C’était un sujet tabou 🤫.

2- A présent, parlons de la période de l’adolescence

Comme toutes les filles, sauf exceptions cette période débute avec l’arrivée des premières menstrues; et puis je ne savais même pas de quoi il s’agissait. J’ai eu mes menstrues à 10 ans. J’étais tranquillement sur les toilettes, me tordant de douleur, réfléchissant à tous mes péchés pour essayer de dénicher à quel moment j’avais commis une faute pour que le karma ait raison de moi. Pour couronner le tout, je m’étais levée pleine de sang. Je pleurais à chaude larme. Je pensais que mon heure avait sonné (DJ kerozen)

mais pas dans le bon sens du terme du tout.  Après m’être soigneusement  nettoyée, je suis allée expliquer à maman qui soit dit en passant était médecin ce qui venait de m’arriver. Elle a dit “félicitations, tu es une grande fille”.

Comment ça je suis une grande fille ? Je pensais que c’était une tactique pour me donner en mariage forcé (bon je rigole j’avoue). Elle a appelé mon père pour lui annoncer la nouvelle. Mais en fait pourquoi tout le monde semblait aussi extasié que je saigne (une famille de vampire peut être?). Mon papa est rentré tôt ce jour là avec des livres sur la sexualité. Pas de grands discours ni de grandes discussions. Il a juste dit félicitations, m’a dit qu’à partir de ce moment je pouvais tomber enceinte, que je devais faire attention et que tout était expliqué dans les livres. Honnêtement je ne posai plus de question. Toutes les tantes de la famille m’avait ramené des serviettes menstruelles pour célébrer cet « événement », cet « heureux événement ».

Mes deux parents étant médecins, j’aurais aimé les écouter me parler plus de ce que je vivais. Des douleurs que je pouvais ressentir, des hormones et de comment ça m’impacterais. De ce que c’est que de tomber enceinte. En tout cas une discussion plus ouverte avec des êtres humains et pas avec des livres. De plus c’était la période où mon corps changeait, j’étais mal dans ma peau et ce fut également la période des premières amours, des premiers sentiments. Mais vous connaissez la célèbre phrase : Concentre toi sur tes études ( HON HON) !

Mais je pense que durant cette période tellement de choses se passent dans le corps d’un adolescent. Des attirances vis à vis du sexe opposé, des sensations étranges qu’il faut apprendre à maitriser ou contrôler. Le simple fait de penser que je ressentais ces sensations, me donnait l’impression d’être une enfant à part, plus pourrie que les autres. Mais je sais aujourd’hui que ce n’est pas le cas. J’ai quand même su bien gérer cette phase, enfin je crois ou du moins j’espère. Quelques erreurs de parcours, quelques choix incongrus mais je pense que c’est comme ça qu’on apprend.

Si un jour la chance m’est donnée d’avoir des enfants et de les voir grandir, j’ouvrirai très tôt les portes sur le sujet.

3- La phase adulte  » La vingtaine »

La phase adulte est ma préférée. Mes premiers goumins, le choix des partenaires, la liberté, mes valeurs et bien d’autres points que je peux aborder. En attendant de vous en dire plus la prochaine fois, j’espère vous lire également. Parlez moi de vous, de vos expériences. Qu’est ce que vous aurez aimé dire à vos parents ou qu’est ce que vous aurez aimé partager avec eux. Et si vous êtes parent comment aborderez-vous le sujet avec vos enfants ?

Maintenant qu’on se connait mieux, faites comme chez vous. Hâte de vous lire en commentaire. Xoxo 😘 💕

26 commentaires

  1. Waoh tu soulèves un sujet assez intéressant, j’espère que certains parents prendront par ici. Et s’il le faut pourquoi pas se rattraper ☺️

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  2. Belle plume!
    Pour ma part je n’allais pas en vacances comme tous mes cousins et amis. Bien plus tard mon père m’a expliqué que c’était justement pour me protéger de prédateurs sexuels.
    Nous attendons la suite Mademoiselle Ifelaye.

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  3. Oooh nos parents africains!!! J’espère que nous, futurs parents allons être à la hauteur, pour que nos enfants ne subissent pas les mêmes choses que nous. Je me rappelle encore comme si c’était hier, de la réaction de mon père lorsqu’il a été informé du décès du premier amour de sa fille. S’il était resté simplement silencieux, ça aurait été mieux que de lui dire <>. Imaginez la suite… une petite innocente qui a juste subi les coups de l’adolescence! Aujourd’hui j’en ris 😅😅 espérant ne pas être un jour comme ça avec mes enfants.
    Merci Célia pour ce thème, vraiment hâte de lire suite!!!🤭

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  4. I think parents need to review how to manage the transition from adolescent to adulthood of their offspring. It’s better not to be taboo. Once again thank you for your sentences. We are waiting for the rest. (HON HON) 😂

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  5. Un sujet d’importance qui souffre énormément du manque de communication dans nos éducations et nos relations africaines. Merci pour ton partage d’expérience 🙏🏿. Hâte de lire la suite

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  6. Ce n’est peut-être pas aisé pour un parent mais j’aurais aimé qu’on ne définisse pas la sexualité juste comme « des choses d’adultes ». J’aurais voulu qu’on instaure un climat de confiance avec moi, qu’on m’explique que j’aurais des pulsions au lieu de me demander chaque année si je n’étais pas enceinte par hasard ou d’instaurer une atmosphère de frayeur. J’aurais voulu que mes parents me racontent leur histoire afin que j’en tire des leçons. Je n’ai pas osé demander toutes ces choses, ça aurait fait de moi un enfant pourri, c’est ce que je me disais.
    J’espère vivement que je saurai faire mieux si un jour j’ai des enfants.
    Merci beaucoup pour ton article, il est très bien écrit, j’attends vivement la suite.

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    1. Merci beaucoup Nihad pour ton commentaire. Je partage ton avis. J’espère qu’on arrivera à notre tour à rendre le sujet plus accessible tout en protégeant au maximum nos futurs enfants 🙏🏾.

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  7. Hellooo, je rattrape enfin la lecture de ce billet. J’ai beaucoup aimé les déclinaisons. Comme toi mes parents sans forcément en faire un sujet tabou n’en parlait pas outre mesure. J’étais réprimandé pour le bon port du soutien aussi. Et j’ai été frappé (la seule fois de ma vie d’ailleurs) durant mon adolescence pour une situation où je juge qu’ils auraient pu installer la communication. Cela m’a renfermé sur moi même de manière à ce que même aujourd’hui ou ma mère se rattrape en abordant le sujet je ne sais quoi plus quoi lui répondre tellement l’épisode des coups m’avaient traumatisé. Anyway contente de te lire. Belle plume.

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  8. Très belle plume Célia 👏🏽👏🏽 Waouhhh… je surkiff 😍Je te lis avec une certaine concentration tu ne peux savoir à quelle point. Merci pour ton partage d’expérience . Maintenant les langues se délieront. A soutenir vraiment. Je le partage autour de moi😉

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  9. Merci Célia pour ce belle article .Cela m’a rappelé mes propres interrogations et expériences ,j’aurais vraiment aimé que mes parents ne fassent pas tout un tabou comme toi ;chez moi dès l’enfance on m’a dit ne t’approche pas des garçons ils vont détruire ta vie sans vraiment m’expliquer pourquoi et je me demandais pourquoi maman c’était approché de papa alors .Ce qui m’amenait à avoir peur d’être proche d’eux ,je voulais qu’être assis à coté des filles donc je n’étais pas vraiment sociable et j’étais considéré comme la fille bizarre de la salle lol. L’adolescente est venue, j’ai décidé toute seule que si j’étais consciente, les garçons n’étais pas une menace ,la puberté comme toi est venue avec son lot de problèmes mais elle n’a pas été vraiment marquante car je n’ai pas eu de vrais changements ce qui m’a donné un manque de confiance en moi car je ne me sentais pas à ma place ,j’ai aussi vécu l’expérience de la spatule mais mes seins sont restés petits sources de complexe ;coté premiers sentiments tu ne pouvais pas te confier car tu devais réussir avant d’en parler donc les seuls conseillères étaient les amies eux-mêmes inexpérimentées. j’aurai plus de communication ouverte ,j’espère en tout cas qu’on pourra mieux faire ç notre tour
    Bref voici mon expérience ;merci de nous avoir montrés qu’on n’est pas les seules à vivre et à ressentir ça.
    Tu as une belle plume ,du courage ,continue sur ta lancée peut-être à travers toi on pourra aider d’autres encore au début

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    1. Ce n’est jamais très simple pour les parents. Tu peux ouvrir la discussion sur le sujet. Ou si non aller vers des personne squi veulent bien. Si je peux t’aider hésite pas à venir dans mes DM

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